samedi 3 octobre 2009

Les troubles webistenciels du Beuche


Ici, sur son blog, Beuche n'a décidément et strictement rien à dire.
Il est tout de même consternant de se rendre compte qu'il n'a des choses à dire (et encore) que chez les autres, ailleurs, loin de chez lui...

Alors évidemment d'aucuns s'empresseront de venir dire à votre Beuchounet d'amour qu'il ne sait que se plaindre, geindre, jouer les innocents, pour que l'on ne parle que de lui, pour qu'on vienne lui dire le contraire, qu'on le flatte.
Mais si Beuche ne dit rien, rien du tout, ses admirateurs (innombrables comme tous les chiffres l'attestent) vont être déçus, dépités, exaspérés par l'attente, à deux doigts de l'apoplexie à force de manquer d'air beuchien. Et vous savez, oui, vous, vous savez, que le gentil Beubeuche ne pourrait se remettre d'une mort à lui imputée.
Donc il dit, il dit qu'il ne dit rien, qu'il ne sait rien dire, puisqu'il ne sait pas dire autre chose que le fait qu'il n'a rien à dire.

Mais Beuche s'interroge, tout de même, il se branle les neurones, il lui reste plus de neurones dans son cerveau que de foutre dans ses couilles, à croire...
Et quand Beuche s'interroge, depuis huit mois (non, mauvaises langues, Beuche ne s'interroge pas que depuis huit mois, il réfléchit depuis huit mois à un problème dont votre patience devrait vous permettre d'attendre la nature), il se demande ce qu'il vient chercher sur Internet.
On la lui a posée plusieurs fois, cette question, à Beuchot, accroché comme une moule au rocher de son écran au milieu de l'océan du Net tantôt déchaîné (sauvez-moi ! sauvez-moi !) tantôt désespérément placide et désert (eh ! les gars, j'suis là, m'oubliez pas !) (c'est beau, hein ? Beuche est un poète, vous le saurez bientôt, on ne peut pas tout vous dévoiler d'un coup...).
Et la réponse, me direz-vous ? La réponse ?
Eh bien la réponse, mes braves, Beuche ne l'a pas.

Ou plutôt, il commence à l'entrevoir. Par bribes, traces, détritus laissés çà et là.
Désir de reconnaissance, sans doute. Pas forcément d'admiration ou d'amour, ce peut être l'hostilité. Mais qu'on le reconnaisse.
Alors on dira que c'est lâche.
Ben oui, c'est lâche. C'est la facilité. Un ordinateur, une connexion internet, et c'est parti mon kiki : le monde entier peut me lire.
Certes, Beuche, certes. Mais c'est le cas de tout le monde, justement, des pires tocards jusqu'aux plus grands génies, qui sait ? Ah oui, Beuche, tu t'en souviens, n'est-ce pas, de tes fantasmes, d'être lu par tes objets d'admiration, en général, et puis par un, en particulier, hein ?

- Avoue-le, candide cul-terreux, t'as voulu péter plus haut que ton cul, hein ?
- Non, non, non, enfin !... Juste pouvoir dire et faire savoir que j'aimais beaucoup l'oeuvre d'un grand écrivain que j'avais eu la chance de pouvoir rencontrer très brièvement, témoigner de ce beau souvenir, sur un forum à lui consacré, c'est tout !
- Mais t'espérais qu'il te réponde, allez, crache le morceau, faux-cul !
- Je n'avais rien lu de ce forum, rien ! Je suis allé voir peu de temps après mon commentaire, et là je vis qu'il m'avait répondu ! Je n'en revenais pas ! Comme un enfant qui rêve de voir et de parler à son idole, vous comprenez pas ?
- Mais si, je comprends. je comprends que t'es pitoyable, mon pauvre, de réagir comme ça à trente ans...
- Oui, peut-être, mais je me suis vite ressaisi, quand même !
- Vite ressaisi ? Et comment ça ?
- Je ne pense pas avoir fait office de groupie. Je ne pense pas m'être foutu à genoux. J'ai sans douté été trop insistant, pas assez lucide, et trop repentant. Oui, trop repentant.

Beuche a été trop repentant. Qu'avait-il à attendre de tout cela ?
Beuche aura pris beaucoup de coups, il n'en aura donné presque aucun. A-t-il eu raison ? A-t-il eu tort ?
Pour l'instant il n'en sait rien.
Ce qu'il sait, c'est qu'il ne regrette rien. Et ça l'étonnerait, presque, de ne rien regretter.
Ce qu'il sait, c'est que ses tribulations sur la toile lui auront permis, aussi, de faire connaissance avec des personnes singulières, attachantes, et qu'il a envie de rencontrer.
Ce qu'il sait, enfin, c'est qu'il ne s'attendait absolument pas à ce qu'Internet fût ça, ce repaire d'âmes et de névroses exacerbées.

Ceux qui disent qu'Internet n'existe pas sont des cons.

82 commentaires:

Georges a dit…

Hibous chous caillous

Georges a dit…

Purée la photo, Beuche !

a dit…

Moi je l'ai mise en fond d'écran. On dirait un faune.

Georges a dit…

C'est vrai mais il faut lui offrir une cellule !

Beuche a dit…

Faute corrigée, merci Georges !

Georges a dit…

Faut corriger la photo aussi.

Beuche a dit…

Qu'il est méchant ce Georges !
Photo prise par ma fille avec un numérique payé 5 euros sur Ebay !

a dit…

5 euros port compris ?

Beuche a dit…

Non, faut quand même pas éxagérer... quel mauvais esprit !...

Georges a dit…

Mais non, Beuche, je voulais simplement dire que la photo est surexposée, et qu'on peut corriger cela (un peu) a posteriori. Pour une fois que je n'étais pas méchant…

Beuche a dit…

Je sais bien que vous n'étiez pas méchant, mais j'avais un peu envie de l'être en vous prêtant des pensées malveillantes !

Georges a dit…

Ah, ouf ! C'est que je dois commencer à penser à la survie de mon âme, moi !

Beuche a dit…

Il serait temps, oui.
Repentez-vous !

Georges a dit…

Vous aimez bien vous montrer, hein ?

Beuche a dit…

Faux. Je ne déteste pas ça, mais je n'aime pas particulièrement non plus.
Cette photo a été mise là en réaction contre certaines choses lues sur la blogosphère, et puis quoi de mieux, pour illustrer un retour de Beuche à Pascal Labeuche, (pour être encore plus Beuche peut-être), qu'une photo de la gueule à Pascal Labeuche ?

Georges a dit…

Signé… Non, rien.

. a dit…

Comment peut-on penser que c'est minable d'être enthousiaste à l'idée de parler à son idole ? Pff, n'importe quoi.

. a dit…

Au fait, Beuche: c'est vraiment vous sur la photo ? Je trouve qu'il y a comme un décalage entre l'apparente gentillesse de votre "voix" écrite et les poils très virils sur le torse. Enfin bon, ce que j'en dis, hein...

Beuche a dit…

Mes poils sont aussi très gentils, Jane !

Georges a dit…

Incroyablement révélatrice, cette opposition entre virilité et gentillesse !

Beuche a dit…

On ne peut plus révélatrice en effet.
Il faut castrer les hommes pour ne plus en avoir peur !

a dit…

Surtout pas !

Beuche a dit…

N'ayez crainte.

a dit…

Remarquez, ce n'est pas Jane qui évoque la castration, c'est vous !

Beuche a dit…

Si je l'évoque, Ma Chère, c'est que le désir féminin contemporain tend vers cela.
Mais il y aura toujours des exceptions pour confirmer les règles...

a dit…

Je m'en tape du désir féminin contemporain!

Beuche a dit…

Il est pourtant bel et bien là.
Bien que je me demande s'il ne s'agit pas d'un leurre.

a dit…

Le désir -comme sont objet- est un leurre, voyons !

Beuche a dit…

Lacanienne . !
L'objet a, oui.

. a dit…

Dites, vous avez lu "La Barbe bleue" ? Et "La Belle et la Bête" ? Quand je vous dis que poils et gentillesse ne vont pas ensemble... C'est une vieille histoire, rien de contemporain dans tout ça. Et trouvez-moi une seule figure de prince charmant poilue. Défi.

Beuche a dit…

Une seule figure de prince charmant poilu ?
Vous l'avez devant vous, Jane : Beuche.

. a dit…

Jamais entendu parler du légendaire Prince Beuche. C'est comme si une princesse s'appelait Gudule : vous voyez ce que je veux dire ?

Silencieuse a dit…

Jane, je vous invite à relire La Belle et la Bête. Quant aux princes dans les contes de fée, rien ne dit non plus qu'ils ont l'apparence d'éphèbes glabres.

Beuche a dit…

Vous êtes bien cratylienne, Jane.
Et comme tous les cratyliens obtus, vous êtes incapable de faire évoluer votre oreille et votre nez et, partant, votre entendement.

Allez, Jane, faites un effort : lisez Beuche, admirez Beuche, et vous pourrez rêver du Prince Beuche.

Car ce serait quoi, sinon, pour vous, Beuche, hein ?

Beuche a dit…

Ah, Silou, heureusement que vous êtes là pour défendre votre Beuche !

. a dit…

Et voilà, la messe est dite. Cratylien = cratylien obtus, c'est une vérité, personne ne peut revenir là-dessus. Vous croyez que je ne sais pas que vous cachez un Georges derrière votre barbe terrifiante, un Georges encore plus terrible que votre barbe de Barbe Bleue ?

Beuche a dit…

Moi ? Un si gentil Beubeuche ? Cacher l'affreux Jojo, cette terreur des blogs, ce paria des forums ? Mais vous n'y êtes plus !

Georges a dit…

T'inquiète, Beuche, la dinde n'est pas fraîche.

. a dit…

Georges, vous devriez avaler un clown ce soir, ça vous fera du bien.

Georges a dit…

Je préfère les chattes.

. a dit…

Hé bien trouvez-vous ce qu'il faut, là où vous savez aller:

http://www.entrailles.fr/

Bon appétit

Beuche a dit…

Georges, ou l'émasculateur de chagattes !

. a dit…

Je savais qu'il pouvait être sanguinaire.

Beuche a dit…

Expliquez-vous, je vous prie.
Quand on utilise pareils adjectifs, il faut justifier.

Georges a dit…

C'est rien, elle a ses règles.

. a dit…

Merci, Georges: vous me défendez si bien.

Beuche a dit…

C'est la grande classe chez Beuche ce soir !

Georges a dit…

De rien, je sais ce que c'est.

. a dit…

Georges, je me demande si vous n'avez pas mal interprété mon "clown" de tout à l'heure. Je me rends compte de l'ambiguïté du truc, là, au bout d'une heure...

Georges a dit…

Je n'interprète pas, j'avale la fumée.

. a dit…

'Faudra que j'essaie votre technique. On se disputera plus souvent.

. a dit…

Bon, je vais me coucher. Bonne nuit.

Corto a dit…

Pascal, je ne savais pas que vous étiez si craquant....
Corto de l'Uche Muraille

Georges a dit…

Ne vous dérangez pas pour moi, je ne faisais que passer…

Corto a dit…

Mais non, voyons. Je suis sûr que Beuchounet d'amour tient à ce que vous restiez, cher Georjounet....

Corto a dit…

Plus sérieusement, je comprends parfaitement la déception de Pascal. Le père de l'In-nocence est le plus fieffé nocent que l'on puisse rencontrer. Il vient toujours un moment où son instinct de tueur échappe à son contrôle. Mais, après, il lui faut des dizaines de pages d'auto-justification, dans son journal, pour échapper à ses remords complaisants. Un grand diariste, mais un sale type quoi !

Georges a dit…

Je suis toujours étonné de cet emploi du néologisme "nocent", Michel ! On n'est pas obligé de singer Arno Musca en tout point, tout de même ! C'est comme avec sa "préciosité du temps" tellement ridicule… Laissons ces manies aux Digoux et autres intoxiqués de la meute, je vous en prie.

Corto a dit…

Oui, vous avez raison. Mais j'aimais bien "achrien", moi !

Georges a dit…

Achrien me plaît aussi. C'est très différent, de nocence et de "préciosité" (au sens camusien). La nuisance existe, elle…

Beuche a dit…

Je sens que je vais me régaler avec vous réunis, moi !...
Et je trouve que « La culture, c'est la claire conscience de la préciosité du temps » est bien vu, bien trouvé, bien dit.
Vous, Georges, à ce que j'ai compris, vous trouvez ça révélateur d'une radinerie toute camusienne. C'est intéressant, mais je ne le perçois pas ainsi.
Par contre, tout à fait d'accord concernant "nocence". Comme si le fait de ne pas être coupable devait être justifié par celui de n'être pas nuisible...

Georges a dit…

"La préciosité du temps" est d'un culcul fini. La préciosité du temps… non mais je rêve…

Corto a dit…

Bon Georges, il est hors de question que je me fâche avec le beau Pascal. D'autant qu'il espère se régaler, j'imagine, de nos disputes... Mais, j'avoue que :

"La préciosité du temps" est d'un culcul fini."

je ne suis pas assez grand duchesse de Gerolstein pour en devenir bête et vous donner tort.

Georges a dit…

Ce n'est évidemment pas l'idée, Pascal, que je trouve bête ou culcul, c'est uniquement ce mot de préciosité employé ainsi. Le "prix du temps" aurait été tout aussi clair et moins dévoyé.

Corto, vous n'avez pas honte ? Pascal est marié !

Georges a dit…

Pascal, pourquoi vous nous obligez-vous à tourner la page, c'est pénible ! Blogspot supporte très bien une quarantaine (voire plus) de billets sur une page…

Corto, vous savez bien que je vous aime bien, malgré le fait que nous ne soyons d'accord à peu près sur rien. Quand est-ce que vous venez nous rendre visite, dans le sud ?

Corto a dit…

Oui, Georges, le "prix du temps" est infiniment meilleur. Et quand je passerai par chez vous, j'aurai plaisir à voir vos tableaux. Celui que j'ai acquis me plait toujours autant. Et puis, vous n'êtes pas marié, vous !

Georges a dit…

Quel trouble-ménages, ce Corto !

Je vous recevrai avec grand plaisir, vous le savez. Mais il faudrait en profiter pour passer voir votre Beuche préféré…

Georges a dit…

Ah, j'ai fait quelques progrès, je crois, depuis Annecy, et j'ai hâte de vous montrer ça.

Beuche a dit…

Le prix du temps, non, je trouve ça trop comptable, ou alors parodiqy=ue (genre le prix du sang, vous voyez).
Préciosité culcul ? Carcatère de ce qui est précieux, conscience que le temps est précieux et que la culture nous le révèle, nous fait toucher du doigt cette rareté, moi je trouve ça beau, et pas culcul, malgré le côté "précieuse ridicule" que risque cette expression et que n'évite pas toujours Camus.

Georges a dit…

Ah bon, le prix d'un être : « R. a n'a pas de prix, pour moi ! » ça vous semble "comptable" ?

Je suis désolé, Beuche, mais le mot "préciosité" n'a jamais eu le sens que vous dites !

« Caractère de ce qui est précieux », mais où êtes vous allé chercher ça ? Sévigné ?

Georges a dit…

Si vous voulez vraiment aller dans le sens de Renaud Camus, dites "précieuseté", alors !

Beuche a dit…

Merde alors, vous avez raison !...
Ça comence à devenir pénible...
J'ai cherché dans plusieurs dictionnaires et en effet, "préciosité" ne désigne pas du tout le caractère de ce qui est précieux, mais l'affectation, l'extrême coquetterie, le maniérisme ridicule...
"Précieuseté", alors, oui, il aurait fallu ce néologisme. Mais pourquoi Camus ne l'a-t-il pas fait ? Car sa définition de la culture change radicalement de sens dès lors...

Georges a dit…

Ce n'est pas un néologisme, c'est un mot très ancien, au contraire.

Beuche a dit…

Raison de plus pour douter des intentions de Camus quant à cette définition alors !
Mais pourquoi n'ai-je pas trouvé ce mot ni dans le Larousse ni dans le Robert ? Et pourquoi Camus ne l'a-t-il pas employé ?
C'est diablement intéressant, cette affaire !

Corto a dit…

""préciosité" ne désigne pas du tout le caractère de ce qui est précieux, mais l'affectation, l'extrême coquetterie, le maniérisme ridicule..."

Et vous vous demandez encore, cher Pascal, pourquoi Camus l'a employé en lui donnant un sens que ce terme n'a pas ? Pour ma part, je crois que la préciosité est un des traits caractéristiques de l'oeuvre camusienne. Elle résulte de cette volonté de distinction qui anime l'auteur et qui donne à l'oeuvre beaucoup d'intérêt (Renaud Camus pense et voit les choses de manière différente, sous des angles inusités et souvent féconds), mais qui poussée à l'extrême, relève alors de cette définition de la préciosité. L'emploi du terme "préciosité" par Renaud Camus me semble relever de cette volonté de distinction et de la recherche du mot rare, aux belles sonorités, fût-ce au détriment du sens. Mais je ne doute pas que Camus ait voulu signifier "précieuseté". Sinon, sa définition de la culture contredirait tout ce qu'il en dit dans son oeuvre.

Georges a dit…

Renaud Camus n'est ni idiot ni inculte, et je ne peux pas vous suivre, Michel, dans votre explication. Ce « fût-ce au détriment du sens » ne convient pas du tout, pour moi, à l'écrivain Renaud Camus. Il semblerait que "préciosité" et "précieuseté" aient été synonymes, jadis. Mais, encore une fois, dans ce cas-là, pourquoi ne pas avoir choisi "précieuseté" à la place de "préciosité" qui a pris un sens moderne qui est complètent étranger au sens qui l'intéresse ? Mystère…

Georges a dit…

complètement (!)

Corto a dit…

Mais, vous ne faites que confirmer mon hypothèse, Georges, en indiquant que les deux termes étaient synonymes, jadis. Dans plusieurs débats, Renaud Camus (que je ne n'ai jamais traité d'idiot ou d'inculte, ce qui serait gravement stupide de ma part) avait expressément choisi de s'en tenir à une signification ancienne d'un terme (comme "race"), même si elle n'avait plus cours. Je maintiens donc que Renaud Camus a pu choisir préciosité pour, disons, l'euphonie en dépit de son sens moderne. Avez-vous meilleure hypothèse ?

Beuche a dit…

« Je maintiens donc que Renaud Camus a pu choisir préciosité pour, disons, l'euphonie en dépit de son sens moderne. »
Je trouve cette hypothèse très pertinente.

Georges a dit…

Pertinente comme la fente de ma tante…

Beuche a dit…

Alors proposez-en une autre, plus pertinente que la fente de votre tante !...

Georges a dit…

Non.

Beuche a dit…

Rohhh...