samedi 6 février 2010

1984


J'ai cinq ans, plus personne ne veut de moi. Je suis loin, si loin. Il fait sombre dans cette baraque, l'humidité me glace les os.
J'attends Maman. Elle finira bien par arriver, elle finira bien par se rappeler où je suis, elle finira bien par me retrouver. Elle. Lui part, ils ne peuvent pas être deux. Ils n'ont pas pu être deux à rester, ils ne pourront pas être deux à partir.
J'ai peur. Je reste dans un coin, seule Maman doit savoir où je suis. Ne surtout pas me faire remarquer. La dame chez qui je suis ne m'inspire pas confiance. Il ne faudrait pas qu'elle me tape.
Je ne dis rien, il faut bien que Maman aille s'occuper des papiers, c'est elle qui me l'a dit. Hier soir, elle pleurait dans le couloir, par terre. Quand je suis allé la voir, Lui venait de claquer la porte. Je crois qu'il ne sert à rien d'attendre qu'il nous amène à la mer.
Je ne peux que pleurer, c'est plus fort que moi. Je ne fais rien de mal, Madame, je n'y peux rien.
Alors pourquoi s'avance-t-elle vers moi un martinet à la main ? Et pourquoi ces coups sur mon corps et mon visage ? Et pourquoi cette absence de marques ? Et pourquoi cete absence de douleur ? Et pourquoi Maman ne me croit pas ?

4 commentaires:

a dit…

Ce "Lui" en dit long. J'ai un mien Lui, comme dirait l'autre.

Marcoroz a dit…

Beau texte... Est-ce du vécu ? Brrrr !

Marcoroz a dit…

En tout cas, c'est poignant.

Georges de La Fuly a dit…

Immonde !