mardi 23 mars 2010

« À Marchant en courant »...


L'infirmière veut me faire boire son pipi.
La vieille dame tremblote, on ne sait pas vraiment si c'est elle qui parle, ni si elle sait à qui elle s'adresse. Le calme de cette chambre est vertigineux. Ses yeux sont fixés sur une partie invisible de la pièce, connue d'elle-seule. Cette absence infirme notre présence.
Et pourtant nous sommes là, et à côté se trémousse une femme devant un clip de Mylène Farmer. Et chantonne, sereinement. Je-je, suis Libertine, je suis une catin.
L'infirmière n'est pas la seule à en vouloir à la vieille dame, il y a aussi un satyre qui guette sa solitude pour lui exhiber son anatomie derrière la fenêtre.
Elle pleure, maintenant. Son mari ne sait que dire, et l'enfant de huit ans qui l'accompagne non plus. La mère de l'enfant demande à voir une infirmière, que l'on sache, quand même. Évidemment tout cela n'existe pas, c'est à se demander si l'infirmière existe.
Et dire qu'il s'agit du pavillon le moins difficile...
Et dehors, le soleil qui brûle, nos pas, notre épouvante, notre absence.

1 commentaire:

Appas a dit…

Tiens, j'ai pas envie d'écrire de blague, ce coup-ci.